22e année  N°135 MAI - JUIN 2015


Les Algériennes musulmanes privées de droit de vote de 1945 à 1958

 

Si l’ordonnance du 7 mars 1944 qui proclame « l’égalité des droits et devoirs entre Français musulmans et  Français non musulmans » [article premier] confère l’électorat aux Algériens musulmans, elle limite cette  prérogative aux hommes, et dans le cadre du système de double collège. Certes, en accord avec l’ordonnance d’avril 1944, la loi du 20 septembre 1947, portant statut de l’Algérie, dispose dans son article 4 que « les femmes d’origine musulmane jouissent du droit de vote », mais précise tout aussitôt qu’une « décision de l’Assemblée algérienne [...] fixera les modalités de l’exercice du droit de vote ». Or, l’Assemblée, élue en avril 1948 et renouvelée en février 1951 et janvier-février 1954, n’a, semble-t-il, jamais abordé cette question. De ce fait, alors que le régime électoral algérien échappait à la compétence de l’Assemblée algérienne (art. 12 de la loi du 20 septembre 1947), cette inertie des élus algériens a interdit aux Algériennes musulmanes  l’accès aux bureaux de vote que le législateur français lui avait pourtant ouvert, en principe du moins.

Aucune grande campagne, ni en Algérie, ni en métropole, ne semble, au demeurant, avoir dénoncé cette  injustice, les oppositions au statut de 1947 se cristallisant sur l’existence du double collège et le truquage systématique des élections. Et c’est seulement en juillet 1958 que le général de Gaulle imposa le suffrage universel en Algérie, en établissant le vote des femmes musulmanes, qui en usèrent, pour la première fois, lors du scrutin constitutionnel.


Retour au sommaire de la LETTRE n° 135

Retour à la présentation : LETTRE

Retour à la page : ACCEUIL

 

 

Extrait d’un texte de l’historien Daniel Lefeuvre, « Un million et demi de citoyennes interdites de vote ! », Clio, 1955

 

 

.