LA LETTRE DE LA CITOYENNETE

Nationalité, droit de vote des résidents étrangers

20F 5° année -N°30 - NOVEMBRE-DECEMBRE 1997

ALLEMAGNE

Double nationalité

Le Chancelier Kohl a réaffirmé le 27 octobre son opposition à l'octroi de la double nationalité pour les enfants d'immigrés, réforme réclamée par les jeunes de son parti et par le Parti libéral, son partenaire au gouvernement (voir Le Lettre de la Citoyenneté n° 28). Il a déclaré "Si nous cédions aujourd'hui face à la Turquie sur la question de la double nationalité, nous aurions rapidement non plus trois millions, mais quatre, cinq ou six millions de Turcs dans notre pays". La même semaine au Bundestag, un député chrétien démocrate Meinrad Belle a déclaré : "Nous n'acceptons pas la double nationalité. L'exemple de la France où plus de deux millions de musulmans ont la nationalité française, montre précisément que ce n'est pas le bon chemin de l'intégration."

Le bureau gouvernemental chargé des étrangers estime que plus de deux millions d'Allemands ont déjà deux nationalités. Il s'agit essentiellement des enfants des couples binationaux et des Aussiedler, les descendants des colons allemands émigrés en Europe de l'Est. "Il est clair que le refus allemand de la double natinalité vise esentiellement les Turcs" observe Mahmut Türker, vice président de l'organisation de jeunesse du Parti libéral, lui-même enfant de parents turcs et arrivé à l'âge de 4 ans en Allemagne.

Naturalisations

La Haute Cour administrative de Rhénanie-Palatinat a rejeté le 19 septembre le recours déposé par un Egyptien dont la demande de naturalisation n'avait pas eu de suite favorable. Vivant en Allemagne depuis 1988 et marié à une Allemande, il avait été condamné pour avoir occasionné des blessures graves. La Haute Cour a estimé que pour se faire naturaliser, on doit remplir les conditions minimales de bonnes moeurs.

M. Bubis, Président du Conseil central des Juifs d'Allemagne a demandé le 20 septembre une procédure accélérée de naturalisation pour les immigrés juifs originaires des républiques de l'ex-URSS. Seuls 28 000 familles ont émigré en Allemagne, contre 350 000 aux Etats Unis et 750 000 en Israël. Pour M. Bubis, le fait que la majorité des juifs résidant en Allemagne ne soient pas des citoyens allemands fait d'eux non seulement une minorité religieuse mais également une minorité ethnique.

Les demandes de naturalisations sont passées de 24 744 en 1974 à 199 443 en 1993 ; elles ont sextuplé entre 87 et 93, les accords ont eux triplé (44 999 en 1993). Pour cette dernière année, 30% des naturalisés étaient Turcs, 6% Polonais, 5% Marocains, 4% Croates, 4% Vietnamiens...

Voir ausi : Lettre n°27 : ALLEMAGNE

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