26e année  N°152  MARS – AVRIL  2018


 

Le sort des expatriés après le Brexit

Les conséquences sur la citoyenneté des expatriés d’un éventuel Brexit continuent à provoquer réflexions et interventions

Les recours de cinq Britanniques des Pays-Bas

Cinq ressortissants britanniques installés depuis plusieurs décennies aux PaysBas avaient saisi un tribunal d’Amsterdam sur l’avenir de leurs droits en tant que citoyens européens en cas de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le 7 février, la justice néerlandaise a renvoyé des questions préliminaires à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) : « Le Brexit signifie-t-il que les Britanniques perdent automatiquement leur citoyenneté européenne ou conservent-ils les droits ? Et si oui, dans quelles conditions ? Que signifie exactement le fait d’être citoyen européen ? » C’est la première fois que la CJUE est saisie pour trancher sur le statut des expatriés britanniques en cas de Brexit. La décision de la justice néerlandaise a déclenché la publication de messages pleins d’espoir sur les réseaux sociaux, postés par des expatriés britanniques vivant en Europe. La décision de l’institution juridictionnelle basée au Luxembourg pourrait avoir des répercussions majeures mais, début mars, la CJUE n’avait pas encore reçu le recours de la justice néerlandaise et la durée d’instruction des recours est en moyenne de quatorze mois à la Cour européenne.

 La requête du collectif « J’y suis, j’y vote »

A la suite de l’échange de courriers avec Michel Barnier, commissaire européen chargé des négociations avec le Royaume-Uni (voir La Lettre n° 151) et d’un contact téléphonique avec un membre de son équipe, le collectif « J’y suis, j’y vote » a adressé un courrier à la Commission européenne : « Si le Brexit se confirme, le droit de citoyenneté municipale tel qu’il est prévu par le traité de Maastricht depuis 1992, aussi bien pour les ressortissants de l’Union européenne résidant au Royaume-Uni que pour les Britanniques résidant dans les 27 Etats de l’UE, risque d’être compromis. Au RU où presque tous les étrangers peuvent participer aux élections municipales, il serait regrettable que ce droit soit retiré aux ressortissants des 27 pays de l’UE. Il en est de même pour les Britanniques qui continueront de résider dans l’UE. Retirer le droit de vote aux citoyens britanniques résidant dans l’UE serait punir les plus européens des citoyens britanniques et inciter le RU à faire de même pour les citoyens de l’UE résidant dans le Royaume, ce serait un véritable recul de la démocratie en Europe. A l’inverse, maintenir les droits des étrangers dans le cadre du futur accord entre l’UE et le RU ne devrait pas poser de problème à la majorité des Etats qui ont déjà donné le droit de vote municipal à tous les résidents quelle que soit leur nationalité. Cela devrait même faciliter l’adaptation de la législation si elle est nécessaire dans les autres Etats. Dans cette perspective, la Commission européenne devrait recommander aux Etats de l’Union de maintenir les droits des expatriés britanniques quelle que soit l’issue du Brexit. »

Les demandes de naturalisation

38 528 ressortissants de l’UE ont obtenu la citoyenneté britannique en 2017 contre 15 460 en 2016. Pour obtenir le passeport britannique, les demandeurs doivent normalement avoir vécu au RU pendant au moins cinq ans, payer une taxe de 1 300 livres et passer un test de culture britannique couvrant l’histoire, la politique, les sports ou encore la cuisine. Pour valider l’accession à cette citoyenneté britannique, ils doivent assister à une cérémonie à la mairie de leur quartier, lors de laquelle ils prêtent allégeance à la reine et s’engagent à respecter les lois et les valeurs démocratiques du pays. Les demandes les plus nombreuses proviennent toujours du sous-continent indien et d’Afrique subsaharienne.

Dans l’autre sens, les demandes de passeports irlandais venant de Britanniques ne cessent d’augmenter : 785 000 demandes en 2017 dont plus de 81 000 venaient de personnes originaires d’Irlande du Nord. Avant l’annonce du Brexit, la demande annuelle n’était que d’environ 50 000 passeports. Les conditions pour demander la nationalité irlandaise sont assez ouvertes, notamment pour les Britanniques ayant un parent ou un grand-parent irlandais. Les personnes nées en Irlande et vivant en Angleterre, Ecosse ou au Pays de Galles peuvent obtenir automatiquement la nationalité irlandaise. Celles nées en Irlande du Nord ont le choix d’être britanniques ou irlandaises. L’augmentation des demandes des Britanniques pour la nationalité d’un autre pays de l’UE ne concerne pas que l’Irlande. En France par exemple, en 2017, 3 173 Britanniques ont demandé la nationalité française et 1 518 l’ont effectivement obtenue. En 2015, il y avait eu 386 demandes et 1 363 en 2016.


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