26e année  N°152  MARS – AVRIL  2018


 

Bruxelles : une pétition pour le droit de vote des étrangers aux régionales

Après un débat au Parlement bruxellois sur le sujet en août 2017, un appel a été lancé en février par une centaine de Bruxellois de toutes nationalités dont certains sont des élus locaux. Il débute par les phrases : « Le 26 mai 2019, alors que la région de Bruxelles-Capitale fêtera ses trente années d’existence, ses citoyens seront appelés à voter pour élire l’assemblée parlementaire de cette ville-région ; mais tous les résidents bruxellois, ou Brusseleirs, ne pourront pas voter ! »

Un Bruxellois sur trois privé de droit de vote

Un tiers des résidents bruxellois, soit 415 000 personnes, « sont privés du droit de vote, autrement dit, ils n’ont pas leur mot à dire sur comment cette ville-région est gérée et ne peuvent pas s’impliquer politiquement. Ces 280 000 citoyens de l’Union européenne et 135 000 citoyens d’autres nationalités sont des citoyens de seconde zone dans cette ville-région, puisqu’ils sont exclus du processus démocratique. Et pourtant, ce sont des Brusseleirs comme tous les autres – qui vivent, aiment, travaillent, étudient, paient des impôts et contribuent de multiples façons à faire de Bruxelles-Capitale une meilleure communauté pour tous.

Ces 415 000 habitants exclus de la vie politique ne peuvent pas s’exprimer sur des décisions qui affectent leur vie quotidienne, telles que tout ce qui concerne la mobilité et les transports publics, l’urbanisme et le patrimoine, les parcs et les espaces verts, les déchets et le recyclage, les infrastructures et les travaux publics, la pollution et la qualité de l’air, l’énergie et le développement durable, les allocations familiales et l’éducation, mais aussi le budget.

 Certes tous les Brusseleirs, quelle que soit leur nationalité, ont le droit de voter aux élections communales. Mais ce droit est insuffisant car il est fragmenté entre 19 communes. Ce alors que c’est au niveau de la région de Bruxelles-Capitale, l’une des trois entités fédérées en Belgique, que la vie des Brusseleirs s’organise vraiment et que les politiques et les décisions importantes sont prises... »

La pétition (https://www.change.org/p/ 1bru1vote) va être adressée au gouvernement et aux députés pour qu’une loi permette à tous les résidents de la région Bruxelles-Capitale de voter aux élections régionales du 26 mai 2019. Le groupe Ecolo-Groen a déposé à la Chambre des représentants une proposition de loi qui élargit le droit de vote régional à l’ensemble des citoyens étrangers résidant en Belgique.

Une faible participation aux municipales

Depuis 2004, les étrangers non communautaires peuvent voter aux élections municipales, après cinq ans de résidence continue en Belgique. Les résidents communautaires avaient pu voter pour la première fois aux municipales en 2000. Les prochaines élections municipales auront lieu en octobre 2018 et les résidents étrangers doivent demander leur inscription sur les listes électorales au plus tard le 31 juillet.

 Aux élections de 2012, les taux d’inscription ont été faibles, 18 % pour les Européens, 14 % pour les non-Européens. Plusieurs raisons ont été invoquées. Le vote obligatoire qui n’existe dans l’Union européenne qu’en Belgique, en Grèce et au Luxembourg, serait dissuasif, l’inscription sur les listes électorales devenant une obligation irrévocable de voter. La complexité du système politique belge, les différents niveaux de pouvoir et le clivage linguistique peuvent également jouer. La pétition pour le vote des étrangers aux régionales explique qu’à Bruxelles notamment le pouvoir se situe à la région et non dans les 19 communes.

Il est aussi considéré comme vexatoire l’obligation pour s’inscrire, qu’ont les résidents non Européens, de signer un engagement à respecter la Convention des droits de l’homme, la Constitution et les lois belges, ce qui n’est pas exigé des autres électeurs.

Une étude menée par une chercheuse de l’université libre de Bruxelles montre que la qualité des contacts avec l’administration communale a un impact significatif sur le taux d’inscription. Les deux centres régionaux d’intégration actifs en Wallonie picarde ont organisé début mars un séminaire à la Maison internationale de Tournai qui lance une campagne de sensibilisation pour une plus grande participation des étrangers aux élections locales.


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