NATIONALITE, DROIT DE VOTE DES RESIDENTS ETRANGERS
Le
4 décembre, à Bruxelles,
A l'initiative de la Lettre de la Citoyenneté, du Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme (Belgique) et du Comité de Liaison des Associations d'étrangers (Luxembourg) des spécialistes venant de 4 pays européens ont fait le point sur l'histoire, la situation actuelle et l'avenir des droits politiques des résidents étrangers en Europe. Nous reprenons ci-dessous et page 4 une synthèse des principales communication et nous publierons dans un prochain numéro la contribution d'Hassan BOUCETA sur l'exemple de la ville d'Anvers.
POUR UNE VERITABLE
CITOYENNETE EUROPEENNE
La
campagne "Pour une véritable citoyenneté européenne"
est née d'un scandale : le faible taux d'inscriptions des ressortissants
de l'Union européenne habitant dans un pays dont ils n'ont pas la
nationalité lors du scrutin européen de 1994 (1).
Cela
est du à l'absence de toute initiative à tous les niveaux
institutionnels depuis la Commission européenne jusqu'aux municipalités.
En France, un maire a écrit à tous les ressortissants européens
de sa commune et le taux de participation est monté à 21
%. Seul le Parlement européen a, à plusieurs reprises, tiré
la sonnette d'alarme, en vain. Par l'inertie des instances européennes,
par la mauvaise volonté des parlements et des gouvernements nationaux,
notamment français, ce qui aurait pu être une fête de
la citoyenneté européenne, a été une parodie
de démocratisation. Les Gouvernements, les Parlements nationaux
ont peur de la naissance d'une démocratie européenne ; cette
peur n'est pas celle de tel ou tel Parlement, de tel ou tel Gouvernement,
de la Droite ou de la Gauche. Elle est généralisée
!
C'est
à partir de ces constatations que nous avons voulu faire avancer
les choses en France. Depuis le mois de juin, "Pour une véritable
citoyenneté européenne" s'est adressé au pouvoir,
aux associations, aux syndicats, aux partis avec un succès discutable.
Nous regroupons désormais 2 associations de Portugais de France,
une association de solidarité, un groupe de jeunes écolo-alternatifs,
2 organisations politiques et La Lettre de la Citoyenneté (2).
La
seule réponse que nous ayons pu obtenir des autorités est
venue du ministère de l'Intérieur qui a mis la question à
l'étude ! La seule organisation ayant des représentants au
Parlement qui a bougé est le groupe des Verts avec une question
écrite, sans réponse, au ministère de l'Intérieur,
et une lettre au ministre chargé des Affaires européennes.
Nous avons aussi touché nombre d'élus locaux : un courrier
a été envoyé à 1 871 maires de commune de plus
de 5 000 habitants. Nous avons reçu des informations de maires qui
ont entrepris une information plus ou moins importante à travers
des communiqués dans la presse, des informations dans la presse
municipale, des dépliants...
Mi-novembre,
le ministère délégué aux Affaires européennes
a enfin annoncé une campagne d'information qui se traduit pour le
moment par une diffusion, notamment dans les consulats, de dépliants
sur les inscriptions. Profitant de l'occasion de l'élection européenne,
"Pour une véritable citoyenneté européenne" essaye
d'avancer d'autres revendications "démocratiques" : inscription
d'office sur les listes électorales des personnes qui acquièrent
la nationalité française comme cela est prévu, à
partir de 2001, pour les jeunes Français arrivant à leur
majorité (3) ; donner le droit de participation aux référendums
locaux à tous les habitants et non aux seuls citoyens (4) ; élargissement
de la citoyenneté européenne à tous les résidents
étrangers quelle que soit leur origine.
Cette
dernière revendication a un très grand intérêt
: en plus de son essence démocratique, elle montrerait qu'il n'y
a pas dans le pays deux catégories de résidents étrangers,
les bons et les autres. Elle permettrait d'affirmer que la démocratie,
le suffrage universel comme son nom l'indique, la citoyenneté sont
valables pour toute personne présente sur le territoire. Reprise
au niveau européen, elle permettrait d'affirmer que l'Europe que
nous voulons n'est pas une Europe forteresse, repliée sur elle-même,
méfiante envers certaines catégories de sa population, les
"allogènes". Mais une Europe démocratique qui reconnaît
dans chaque résident, quelle que soit son origine un citoyen, obligeant
par là-même à un autre regard sur ces résidents
qui viennent du sud et sur le sud lui-même.
Pau
ORIOL
1.
- Mauvais départ pour la citoyenneté européenne. Lettre
de la citoyenneté n¡ 35 septembre-octobre 1998.
-
Europe, terre de citoyenneté ? Migrations Société,
vol. 6 N¡ 36, novembre-décembre 1994.
2.
Participent actuellement à la campagne : les Alternatifs, Chiche
! , le Collectif portugais pur une pleine citoyenneté (CPPC), le
Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), la Lettre
de la Citoyenneté, les Portugais de France, actifs et solidaire
(PFAS), les Verts.
3.
- Loi 97-1027 du 10/11/1997 relative à l'inscription d'office des
personnes âgées de 18 ans sur les listes électorales.
4. - Pour cela, il faut modifier la loi d'orientation 92.125 du 06/02/1992 relative à l'administration territoriale de la République.
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: LETTRE DE LA CITOYENNETE
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