4 euros 19e année  N°117 MAI - JUIN 2012


Elections présidentielle et législatives en France

La diversité mieux représentée ?

 

Les scrutins de liste à la proportionnelle ont permis une meilleure représentation politique de la diversité au niveau des conseils municipaux et régionaux. Dans une moindre mesure, il en est de même au Sénat parce

que les départements ayant au moins quatre sénateurs bénéficient de ce type de scrutin. Il est par contre toujours aussi rare, pour les principaux partis politiques, de proposer des candidats d’origine immigrée lors des

scrutins uninonimaux comme les cantonales et les législatives.

 

La diversité est malmenée au Parti socialiste

 

C’est sous ce titre que le sociologue Nasser Demiati a publié une tribune libre dans Le Monde du 7 avril 2012. Ce qu’il met précisément en cause « c’est le parachutage de socialistes nationaux d’origine contrôlée dans des circonscriptions déjà occupées par des militants locaux de la diversité » tout en reconnaissant l’effort fait par le PS pour présenter davantage de candidats issus de la diversité aux législatives de 2012.

A droite, l’UMP a les mêmes problèmes et deux anciennes ministres, Rachida Dati et Nora Berra, ont du retirer leur candidature au profit de « Français de souche ». Nora Berra a clairement accusé de racisme les structures et mandataires locaux de son propre parti.

 

Un livre et une thèse

 

Dans ce contexte, vient de paraître La condition politique des Français d’origine non européenne. Du mépris à la reconnaissance formelle de Adda Bekkouche aux éditions du Cygne (www.editionsducygne.com). Pour

l’auteur, « la mal-représentation est le résultat d’un processus fondé sur des représentations dévalorisantes dont le socle est idéologique. La condition politique de ces Français est ainsi déterminée en grande partie par

ce caractère impensé, l’européocentrisme, qui est à l’oeuvre dans leur différenciation du reste du corps social ».

Le 20 mars, Seghier Tab soutenait une thèse de sociologie à la Sorbonne au titre évocateur : La place de la nouvelle élite politique française élue d’origine maghrébine au sein des institutions représentatives : une minorité en quête de voie élective, entre la percée locale et le blocage national.

 

De la diversité chez les ministres

 

La présence de Fadela Amara, Rachida Dati et Rama Yade dans le premier gouvernement Fillon il y a cinq ans avait été saluée mais les représentantes de la diversité avaient toutes quitté leur fonction avant la fin du mandat.

Dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Jean-Marc Ayrault, on retrouve Manuel Valls né en Espagne et naturalisé français à l’âge de 20 ans, trois personnes originaires des départements d’outre-mer,

Christiane Taubira, Victorin Lurel et Georges Pau-Langevin (députée de Paris et unique représentante de la diversité dans l’Assemblée nationale sortante), Fleur Pellerin, née en Corée et adoptée à l’âge de six mois par une famille française, Kader Arif et Yamina Benguigui d’origine algérienne, Najat Vallaud-Belkacem d’origine marocaine. La double nationalité franco-marocaine de cette dernière a fait l’objet d’une polémique à laquelle la ministre a répondu :« La double nationalité non seulement est permise mais fait partie des plus belles valeurs de la République. Je ne suis élue que dans la République française. Les seuls à qui je doive rendre des comptes aujourd’hui ce sont les Français, le peuple français, auquel j’ai décidé de me consacrer. » Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’Etat à la Jeunesse, a déclaré le 18 avril sur France Inter : « On peut être un adversaire politique et saluer les progrès qui ont été faits, que ce soit sur la parité, la représentation de la diversité ultramarine ou des personnes issues des immigrations. Je trouve ça très bien, il faut le saluer. »


Retour au sommaire de la LETTRE n°117
Retour à la présentation : LETTRE

Retour à la page : ACCUEIL