24e année  N°147 MAI- JUIN 2017


France : échos de campagne

Les professions de foi

Dans les documents adressés à tous les électeurs, seul Philippe Poutou reprend sa proposition de « droit de vote à toutes les élections pour les résidents étrangers ». En ce qui concerne la nationalité, seuls François Fillon parle de la déchéance de nationalité pour les terroristes et Marine Le Pen de la fin de « l’acquisition automatique de la nationalité ». Dans la profession de foi pour le second tour, Marine Le Pen prévoit « la déchéance de nationalité pour les binationaux terroristes ».

 

Alter-votants fait le buzz

L’initiative de Thomas, Robert et Rachel en janvier a été largement reprise et commentée par la presse. A l’origine, des discussions entre un réfugié politique iranien et « ses amis français abstentionnistes ». Ensuite, un principe simple : un étranger sans droit de vote est mis en relation avec un Français qui bénéficie de ce droit ; ils se contactent, discutent ensemble et, à la fin, l’étranger donne une procuration officieuse à la personne jouissant du droit de vote. « Notre volonté est déjà de permettre aux étrangers de participer à la vie publique puis surtout, avec un grand nombre de participants à la plateforme, de promouvoir la reconnaissance du droit de vote des étrangers » explique Thomas au Taurillon, magazine eurocitoyen. Les critiques et intimidations ont été nombreuses sur les réseaux sociaux où Alter-votants diffusait sa proposition et son slogan : « Fais de ton vote autre chose ! »

Pour le premier tour, il y a eu près de 250 binômes, c’est-à-dire 500 personnes mises en relation, et pour le second tour près du double, 1 000 personnes en relation. Il y a eu plus de 1 000 résidents étrangers qui n’ont pas trouvé de partenaires abstentionnistes.

 

D’autres initiatives

A Strasbourg, c’est la Coordination alsacienne de l’immigration maghrébine (CALIMA) qui propose à de jeunes « abstentionnistes » de dialoguer avec des chibanis (« cheveux gris » en arabe) et de porter leur voix à l’élection présidentielle. Une rencontre intergénérationnelle a été organisée avec le centre socioculturel Neuhof le 19 avril. L’invitation rappelle : « Accorder le droit de vote aux résidents étrangers, c’est faire évoluer le droit et enrichir notre démocratie. »

A Paris, le collectif « J’y suis, j’y vote » a été présent dans plusieurs manifestations : salon antifasciste de Montreuil le 9 avril, manifestation le 16 avril contre un meeting de Marine Le Pen au Zénith, défilé du 1er mai.

Les étrangers résidant en France se sont montrés particulièrement intéressés par les enjeux de l’élection présidentielle. C’était le cas par exemple des Algériens de l’Hexagone, suivant davantage les débats français que les élections législatives algériennes du 4 mai auxquelles ils pouvaient participer. De son côté, Philippe Cayla, président d’Européens sans frontières a déclaré : « A l’heure actuelle, les échanges sur l’Europe se résument à des conversations entre nationaux. Le droit de vote des étrangers communautaires aux élections nationales permettrait de créer une réelle discussion publique sur l’Europe, entre Européens.»

Des « démocrates et progressistes issus de l’immigration » ont lancé un appel à voter Jean-Luc Mélenchon avant le premier tour et un autre appel avant le second tour à se mobiliser « pour battre Marine Le Pen dans les urnes, en votant par conséquent Emmanuel Macron.

 

Patience des Français à l’étranger

Il y a eu beaucoup plus d’électeurs inscrits qu’à la présidentielle de 2012 (+ 30 % aux Etats-Unis par exemple) et une très forte affluence dans les bureaux de vote à l’étranger.

Partout, des files d’attente importantes devant les ambassades, consulats ou lycées français où se déroulait le vote. Le record se situe au Canada où plus de 80 000 Français étaient inscrits sur les listes électorales. Il y avait près de trois heures d’attente pour voter à Montréal ou à Toronto pour le premier tour.


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