LA LETTRE DE LA CITOYENNETE

NATIONALITE, DROIT DE VOTE DES RESIDENTS ETRANGERS


20F 6° année -N°34 - JUILLET - AOUT 1998 

PAYS-BAS : DE NOUVEAUX ELUS IMMIGRES


Dans le numéro 32 de La Lettre, nous avons signalé‚ l'augmentation du nombre des élus étrangers lors des élections des municipalités et des conseils de district du 4 mars. Nous revenons sur l'élection d'une présidente surinamienne à Bijlmer. Aux élections législatives du 6 mai, ce sont les élus d'origine étrangère qui sont plus nombreux.

Les élections au Conseil de district d'Amsterdam Sud-Est ("Biljmer") du 4 mars 1998

Amsterdam est divisée en seize districts dotés de compétences assez étendues. "Amsterdam Sud-Est", qui inclut le quartier de Bijlmer, compte 85.000 habitants dont 80 % d'''allochtones", (personnes d'origine non néerlandaise). Environ un tiers de la population est d'origine surinamienne ou antillaise. Il y avait seize listes en lice dont sept seront représentées dans le conseil de 29 membres. Le district sera dirigé par une coalition entre sociaux-démocrates du PvdA (11 élus), libéraux du VVD (5 élus) et la Gauche verte (Groelinks, 4 ‚lus).

Aucune des listes "noires" ou "ethniques" n'a franchi le seuil nécessaire pour décrocher un siège.

Quatorze des vingt-neuf conseillers sont "d'origine non néerlandaise", la proportion étant la plus forte au sein du groupe PvdA où sept des onze membres sont noirs. C'est la conseillère PvdA Hannah Belliot, une enseignante d'origine surinamienne âgée de cinquante et un ans, qui est devenue présidente du Conseil de district. Cette membre de fraîche date du PvdA a mené une campagne très active avec son directeur de campagne, le champion de sprint Sammy Monsels, et son groupe d'appui, les "Hannah's Sisters", en invitant ses électeurs potentiels à s'auto-organiser et à prouver qu'ils méritaient d'être soutenus et qu'ils ne voulaient pas se contenter de dépendre des subsides.

Elle a recueilli cinq mille voix de préférence, émises par des Surinamiens, mais aussi, selon l'envoyé spécial du quotidien flamand De Morgen, "de nombreux Hollandais ont voté pour Belliot, de même que des Ghanéens, des Pakistanais, des Indonésiens et d'autres étrangers qui jouissent du droit de vote municipal aux Pays-Bas depuis déjà mars 1986".

Après son élection, Hannah Belliot a déclaré que "l'émancipation des minorités dépend de leur représentation dans les structures de pouvoir locales. On ne peut pas isoler les allochtones du reste de la société sinon c'est comme si on met une marmite sous pression, à un moment ou à un autre elle surchauffe". La politique progressiste d'intégration à la néerlandaise "n'a rien à voir avec l'idéalisme : c'est juste une extension de l'esprit commerçant hollandais.

Regardez, les Néerlandais sont très orientés vers les affaires, ils recherchent le profit dans n'importe quelle situation. C'est aussi comme ça qu'il en va pour l'intégration des minorités : tant que les allochtones croupissent dans la marginalité, ils ne font que coûter de l'argent à la société. Il s'agit donc de les rendre productifs dans les meilleurs délais".

Les élections législatives du 6 mai 1998

Neuf élus "allochtones"

Il y a neuf députés "d'origine allochtone" dans la nouvelle Chambre des députés contre huit dans la précédente et seulement trois en 1989-1994. Sept sur les neuf sont des nouveaux venus.

- candidats élus du PvdA (sociaux-démocrates, 45 élus sur 150) : Khadija Arib (12ème sur la liste, haute fonctionnaire à la commune d'Amsterdam, 37 ans), Lucy Kortram (29ème, sociologue, travaille dans le domaine multiculturel, 49 ans), Nebahat Albayrak (41ème, juriste d'origine turque, directrice de la coordination de la politique d'intégration des minorités au ministère de l'Intérieur, 30 ans).

- candidats élus de Groenlinks (Gauche verte, 11 élus) : Mohammed Rabbae (4ème, député sortant d'origine marocaine), Tara Oedayraj Singh Varmà, (9ème, députée sortante), Farah Karimi (11ème).

- candidats élus du VVD (libéraux de droite, 40 élus) : Patricia Remak (27ème, d'origine surinamienne, 33 ans), Mme F. Orgü (37ème, d'origine turque, 30 ans).
- candidat élu du CDA (chrétien-démocrate, 28 élus) : Jacques de Milano (9ème).


Selon le président du groupe PVdA au Conseil municipal d'Amsterdam, deux causes pourraient expliquer la perte de 1,1% qu'a subi ce parti à Amsterdam entre les élections communales et législatives alors que le parti progresse au niveau national : les étrangers ne peuvent pas voter aux élections législatives et la participation a été faible (Algemeen Dagblad 08/05/98).

Une nouvelle élue d'origine iranienne
Farah Karimi est une femme (37 ans) d'origine iranienne qui a d'abord eu des activités politiques dans ce pays puis a travaillé, à partir de 1989, dans des organismes d'aide aux demandeurs d'asile et aux réfugiés à Hambourg, Kiel, Pari et, depuis 1993, aux Pays-Bas. Elle et actuellement coordinatrice d'un projet de soutien à l'émancipation des femmes noires, immigrées et réfugiées, membre de la direction du centre néerlandais de lutte contre les violences sexuelles, de la commission nationale des plaintes pour l'accueil des femmes et de la direction politique des Groelinks.
Profession de foi de Farah Karimi : "J'ai une considération toute particulière à l'égard des forces démocratiques acquis et je m'efforce autant que possible d'influer sur les processus de décisions. Dans ma vie, le combat pour les droits de l'homme et l'implication continue dans des mouvements sociaux, occupent une place centrale. Grâce à cela, j'ai pu développer au cours du temps des idées, une connaissance et des qualités précieuses que je souhaiterais mettre au service d'un approfondissement et d'une mise en pratique de la politique verte et de gauche" Pierre-Yves Lambert

Voir aussi Lettre n°32 : PAYS-BAS

Lettre de la Citoyenneté n°34 : SOMMAIRE 

Retour à la présentation : LETTRE DE LA CITOYENNETE

Retour à la page : ACCUEIL