22e année  N°138 NOVEMBRE - DECEMBRE 2015


« Totem » ou « mesure essentielle pour la démocratie » ?

 

Nous partageons la réaction de la Ligue des droits de l’homme (LHD) : « En qualifiant cette mesure de “totem ”, Manuel Valls a mis à juste titre le doigt sur la valeur symbolique de ce vote. Pour ces centaines de milliers d’hommes et de femmes qui vivent depuis des années sur le territoire français, il est effectivement symbolique de leur reconnaître le droit de s’exprimer quant à la gestion de la commune où ils vivent, où ils paient des impôts, dans un

pays dont ils ont contribué à accroître la richesse. A travers l’octroi du vote aux étrangers, c’est une mesure essentielle pour la démocratie qui est en jeu. Mais la mesure va bien au-delà du symbole. Octroyer le droit de vote aux étrangers, c’est aussi prendre en compte la réalité des discriminations et des fractures qui gangrènent notre société et auxquelles il convient de remédier autrement que par des incantations à la devise républicaine, aussi récurrentes que contredites par la réalité. »

Dans une interview à L’Humanité, Françoise Dumont, la présidente de la LDH dit craindre « les dégâts que peut faire le sentiment d’être traité en sous-citoyens » et explique que « la naturalisation, qui implique de rompre avec son pays d’origine est un choix individuel, personnel, intime, alors que le vote est un droit collectif ».

Europe Ecologie – Les Verts souligne que « c’est justement le non- respect des engagements pour lesquels les responsables politiques ont été élus qui participent au discrédit de la parole publique et à la montée des populismes ».

Il est symptomatique qu’à l’occasion du dixième anniversaire des émeutes de Clichy-sous-Bois, consécutives à l’électrocution de deux jeunes voulant échapper à des policiers, de nombreux articles de presse sont revenus sur l’abandon par François Hollande de sa promesse de campagne sur le droit de vote des étrangers. Le thème a été repris lors de la marche de la dignité et contre le racisme organisée à Paris le 31 octobre par un collectif de femmes.

Il a également fait l’objet d’un des ateliers des universités européennes contre le racisme et les discriminations qui ont eu lieu fin octobre à Paris.

Le collectif Votation citoyenne se réunit à nouveau depuis fin septembre.

Décidément, le droit de vote des étrangers n’est pas enterré et refera parler de lui en 2016.


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