23e année  N°141 MAI - JUIN 2016


Royaume-Uni : municipales, régionales et référendum

 

Le 5 mai, 124 conseils municipaux et les parlements régionaux d’Ecosse, d’Irlande du Nord et du Pays de Galles, parlements aux « pouvoirs dévolus » depuis les référendums de la fin du XXe siècle, ont été renouvelés.

 

Un maire pakistanais à Londres

 

L’élection comme maire de Londres de Sadiq Khan, candidat travailliste fils d’immigrés pakistanais ayant obtenu 57 % des voix, a été largement commentée par les médias. Il est le premier maire de religion musulmane d’une capitale européenne. Né à Londres en 1970, conseiller municipal à 24 ans, député à 34, ministre des Transports à 37 dans le gouvernement de Gordon Brown, l’avocat spécialisé dans les droits de l’homme poursuit brillamment sa carrière politique.

Près de 7 millions de Londoniens étaient électeurs, la grande majorité britannique de souche mais aussi plus d’un million de citoyens des 54 autres Etats membres du Commonwealth, y compris des étudiants, dont 100 000 Pakistanais, et plus de 500 000 ressortissants des 27 autres Etats membres de l’Union européenne, dont 150 000  Polonais et 65 000 Français. N’ont pas pu voter, entre autres, 65 000 Somaliens et plus de 60 000 Etats-Uniens. Pour les élections des parlements régionaux, ont pu voter les citoyens du Commonwealth qui peuvent voter et être élus à toutes les élections du

Royaume-Uni et les Irlandais qui, bien que leur pays ait quitté le Commonwealth en 1949, ont des accords de réciprocité pour toutes les élections depuis 1983. A l’exception des Irlandais, des Chypriotes et des Maltais, membres du Commonwealth, les ressortissants européens n’ont pas pu participer à ces scrutins régionaux. Il en sera de même lors du prochain référendum sur le maintien ou non (Brexit) du Royaume-Uni dans l’Union européenne.

 

Le référendum du 23 juin

 

Ce sont en effet les règles appliquées pour les élections générales de 2015 qui fixent le corps électoral du référendum. Parmi les Européens résidant au Royaume-Uni, seuls les Irlandais, les Chypriotes et les Maltais pourront donc voter. Une universitaire belge, Veerle Heyvaert, maître de conférence à l’Ecole d’économie et de sciences politiques de Londres résidant depuis 18 ans au Royaume-Uni, réagit sur une page facebook de son école :

«... Zac Goldsmith [le candidat conservateur battu par Sadiq Khan] avait voulu ma voix aux élections à la mairie de Londres, au mois de mai. Un mois plus tard, il projette de voter pour le Brexit ce qui me priverait du droit de voter pour toutes les futures élections municipales.

[...]

Mes liens politiques avec la Belgique se sont éloignés et ceux avec le Royaume-Uni se sont renforcés. Je vis à Londres, où mes enfants sont nés et ont grandi, où je paie mes impôts, où je suis propriétaire et paie une hypothèque. Après le 23 juin, si le référendum joue en faveur de « quitter l’Europe », je cesse d’exister en tant que citoyenne comme presque 3 millions de nationaux européens qui habitent au Royaume-Uni...

La perte du statut européen pourrait créer la nécessité d’un permis de travail, de visas, tous les tracas administratifs et tous les frais que cela entraîne. De plus, en cas de  nonrévision du statut des Européens, il est improbable que la police continue de traiter tous les résidents de la même manière car ils ne sont pas égaux. Les risques pour les résidents européens ne sont pas les discriminations, mais la montée lente du mépris. »

Lors du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse de 2014, le Parlement écossais avait décidé que la règle électorale tiendrait compte de la résidence : les Européens comme les membres du Commonwealth résidant en Ecosse ont pu voter ; les Ecossais ne résidant pas habituellement en Ecosse n’ont pas pu voter (voir La Lettre n° 132).

Quant aux Britanniques résidant à l’étranger, ils ne pourront pas voter le 23 juin s’ils ont quitté le Royaume-Uni depuis plus de quinze ans. Certains d’entre eux envisagent de prendre la nationalité de leur pays de résidence leur permettant d’éviter les inconvénients d’un Brexit. The Guardian évoquait début mars la ruée sur les passeports irlandais des citoyens britanniques pouvant y prétendre. L’Irlande offre la nationalité irlandaise à quiconque a un parent irlandais, indépendamment du lieu de naissance.

Des Européens résidant au Royaume-Uni envisagent eux de prendre la nationalité britannique et d’avoir une double nationalité évitant ainsi aussi les inconvénients du Brexit.:


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