4€  15° année - n° 88 JUILLET - AOUT  2007



ÉDITO
 
 

Après les élections législatives en Belgique et en France, la comparaison de la place réservée aux candidats et du nombre d’élus est instructive (voir juin 2007). Les partis belges, depuis plus de dix ans, ont mis sur leurs listes en position éligible à toutes les élections des néoBelges. Ils sont très en avance sur leurs homologues français. Le scrutin à la proportionnelle par liste et la possibilité pour l’électeur d’exprimer sa préférence pour un candidat mal placé sur la liste de son parti et de le faire élire, sont certes plus favorables que le scrutin uninominal de circonscription français pour les candidats issus de l’immigration.

L’intolérance d’une partie de l’opinion publique est une réalité mais la responsabilité des politiques y compris du nouveau président de la République, est grande.On ne stigmatise pas depuis des années les immigrés régularisés ou non, les Français plus colorés que la moyenne, sans en faire, au pire des fauteurs de troubles, au mieux des usurpateurs aux yeux de beaucoup.

Avoir nommé trois ministres ou secrétaires d’Etat issus de l’immigration est apparu comme un geste fort de discrimination positive à l’actif de Nicolas Sarkozy. Sans remettre en cause l’intérêt de ces nominations, soulignons qu’aucune des trois nommées n’a subi l’épreuve du suffrage universel et que d'autres pays européens font beaucoup mieux en matière de participation des immigrés à la vie politique.Au Royaume-Uni, par exemple, il y a depuis une vingtaine d’années des députés issus de l’immigration et leur nombre croît de scrutin en scrutin uninominal de circonscription (à un seul tour). Rappelons qu’au Royaume-Uni, les résidents étrangers, du moins les plus nombreux, ceux du Commonwealth, ont le droit de vote et d’éligibilité à toutes les élections, y compris aux législatives, et ont depuis longtemps une place non négligeable dans les partis politiques.

Il est indispensable de rattraper le retard français et de faire en sorte que les élus soient à l’image de la population Pour ce faire, il faut changer le regard de l’opinion, valoriser l’immigration et accorder le droit de vote aux étrangers, ce qui est dorénavant souhaité par une majorité des Français. La droite ne doit pas attendre cinq ans pour revoir sa copie et la gauche doit être plus offensive sur cette question. Les municipales de l’an prochain sont une occasion à ne pas manquer, la diversité doit être plus visible dans les conseils et les exécutifs municipaux. Nicolas Sarkozy peut aussi bousculer sa majorité et faire adopter une réforme de la Constitution comprenant le droit de vote des étrangers.

Restons optimistes !

 

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